Bilan préthérapeutique

  • Réalisation systématique d’une IRM pelvienne associée à une exploration IRM des aires ganglionnaires lomboaortiques s’appuyant sur le compte rendu réalisé par la Société française de radiologie.

Traitement chirurgical

  • Voie d’abord chirurgicale : utilisation privilégiée de la voie cœlioscopique pour les tumeurs limitées au corps utérin (stades I/T1) par rapport à la laparotomie.
  • Lymphadénectomie : indication restreinte pour les tumeurs limitées au corps utérin (stades I/T1) de bas risque et de risque intermédiaire.

Traitements postopératoires

  • Radiothérapie externe : indication restreinte pour les tumeurs limitées au corps utérin (stades I/T1) de bas risque et de risque intermédiaire.
  • Curiethérapie : utilisation préférentielle du haut débit de dose par rapport au bas débit de dose.
  • Chimiothérapie : augmentation de l’inclusion des patientes dans les essais cliniques.

Surveillance

  • Absence d’indication pour des examens d’imagerie, de biologie ou des frottis vaginaux systématiques. La surveillance repose sur l’examen clinique.

Ces éléments pourront être utilisés pour évaluer l’utilisation en pratique des recommandations de prise en charge du cancer de l’endomètre.


Type histologique

  • type 1 : tumeurs endométrioïdes pour lesquelles l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini 3 grades (le grade histopronostique est réalisé en fonction de l’architecture de la prolifération épithéliale maligne en excluant le contingent épidermoïde ou les morules. Lorsque les atypies cytonucléaires sont marquées, le grade est augmenté de 1) :
    • grade 1 : ≤ 5 % de contingent indifférencié,
    • grade 2 : 6-50 % de contingent indifférencié,
    • grade 3 : > 50 % de contingent indifférencié ;
  • type 2 : carcinomes à cellules claires, carcinomes papillaires/séreux et carcinosarcomes ;

Bilan

Clinique
  • Antécédents personnels et familiaux
  • Recherche de syndrome de Lynch
    • cancer endomètre < 50 ans, discutée entre 50-60 ans
    • tout page et apparenté 1er degré atteint d’un cancer colorectal ou spectre HNPCC
  • Comorbidités
  • Abdominopelvien et ganglionnaire

Imagerie

  • IRM pelvienne associée exploration aires ganglionnaires lomboartiques
  • Pas d’indication du scanner abdommino-pelvien sauf CI IRM et association echographie pelvienne
  • Stades III/T3 et/ou N1 ou IV/T4 et/ou M1 –> TEP-TDM peut être discutée pour recherche métastatique
  • Exploration thoracique et hépatique: stade III/T3 et/ou N1 et type 2 histologique

Biologie

  • CA 125 ne fait pas partie du bilan d’extension.

FIGO (2009)

Stades I: Tumeur limitée au corps utérin

  • IA Tumeur limitée à l’endomètre ou ne dépassant pas la moitié du myomètre
  • IB Tumeur envahissant la moitié du myomètre ou plus de la moitié du myomètre

Stades II: Tumeur envahissant le stroma cervical mais ne s’étendant pas au delà de l’utérus

Stades III: Extension locale et/ou régionale

  • IIIA Séreuse et/ou annexes
  • IIIB Envahissement vaginal et/ou paramétrial
  • IIIC Atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
    • IIIC1 Ganglions pelviens
    • IIIC2 Ganglions para-aortiques +/- ganglions pelviens

Stades IV: Extension à la muqueuse vésicale et/ou intestinale et/ou métastases à distance

  • IVA Extension à la muqueuse vésicale et/ou intestinale
  • IVB Métastases à distance incluant les métastases intraabdominales et/ou ganglions inguinaux

Arbre décisionnel traitement 

Stade I/T1

RISQUE BAS

RISQUE INTERMDIAIRE

RISQUE LEV

Stades IA/T1a, grade 1 ou 2
(type 1 histologique)

Stade IA/T1a, grade 3
(type 1 histologique)

Stade IB/T1b, grade 1 ou 2
(type 1 histologique)

Stade IB/T1b, grade 3
(type 1 histologique)

Stade IA-B/T1 (type 2 histologique)

Stade I/T1 présen

Type 1 histologique

Risque bas

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale est recommandée.
  • Une lymphadénectomie n’est pas recommandée.
  • Une curiethérapie postopératoire à haut débit de dose n’est pas recommandée sauf en cas d’envahissement myométrial où elle peut être envisagée.
  • La radiothérapie externe n’est pas recommandée.
  • Le traitement conservateur de l’utérus n’est pas recommandé mais peut être discuté pour des patientes désirant une grossesse, présentant des tumeurs supposées de stadeI, grade 1 sans envahissement myométrial, au mieux après exploration cœlioscopique des ovaires pour éliminer une extension extra-utérine ou de la séreuse.
  • Sous les mêmes réserves, le traitement conservateur des ovaires associé à une hystérectomie totale avec salpingectomie bilatérale peut être discuté pour les patientes de moins de 40 ans désirant le maintien des fonctions ovariennes.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante n’est pas recommandée.

Risque intermédiaire

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale est recommandée.
  • La lymphadénectomie pelvienne n’est pas recommandée. Elle peut cependant être envisagée en cas de stade IB/T1b grade 2 ou de stade IA/T1a grade 3 avec envahissement myométrial.
  • La pertinence de la détection du ganglion sentinelle pour ces patientes est en cours d’évaluation.
  • Une curiethérapie postopératoire à haut débit de dose est recommandée. La radiothérapie externe n’est pas recommandée.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante n’est pas recommandée.

Risque élevé

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale est recommandée.
  • Une lymphadénectomie lomboaortique et iliaque commune est recommandée. Dans ce contexte, la chirurgie endoscopique est recommandée si possible par voie extra- péritonéale en raison de la réduction du risque adhérentiel.
  • La lymphadénectomie pelvienne peut être discutée. Son intérêt thérapeutique chez des patientes qui n’ont pas d’adénomégalies suspectes à l’imagerie et qui vont recevoir une irradiation externe pelvienne n’est pas démontré.
  • En cas de découverte de facteurs de risque élevé sur la pièce d’hystérectomie, une reprise de stadification ganglionnaire et/ou péritonéale, de préférence cœlioscopique, est recommandée.
  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) postopératoire est recommandée.
  • Une curiethérapie vaginale de surimpression peut être discutée.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante n’est pas recommandée hors essai clinique.

Type 2 histologique

Carcinomes à cellules claires ou papillaires séreux

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale, une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique, une omentectomie infracolique, une cytologie et biopsies péritonéales sont recommandées.
  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) postopératoire est recommandée.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante séquentielle peut être discutée.
  • Une curiethérapie vaginale de surimpression peut être discutée.

Carcinosarcomes

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale, une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique et une cytologie et biopsies péritonéales sont recommandées.
  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) postopératoire est recommandée.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante séquentielle peut être discutée.
  • Une curiethérapie vaginale de surimpression peut être discutée.

Stade II

  • Une hystérectomie avec salpingo-ovariectomie bilatérale est recommandée. L’hystérectomie sera simple ou élargie, avec ou sans colpectomie, en fonction des caractéristiques de la tumeur avec objectif d’obtenir des marges saines.
  • Une lymphadénectomie pelvienne est recommandée.
  • Une lymphadénectomie lomboaortique d’emblée ou à la suite d’une lymphadénectomie pelvienne en cas de ganglions pelviens positifs peut être discutée en cas de type 1 histologique.
  • En cas de type 2 histologique, une omentectomie infracolique, une lymphadénectomie pelvienne et lomboartique, une cytologie et biopsies péritonéales doivent être réalisées.
  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) postopératoire associée à une curiethérapie vaginale postopératoire à haut débit de dose est recommandée.
  • En cas de type 2 histologique, une chimiothérapie intraveineuse adjuvante séquentielle peut être discutée en complément de la radiothérapie.
  • En cas d’atteinte de gros volume du col de l’utérus, une radiothérapie préopératoire externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) avec ou sans curiethérapie préopératoire (15 Gy) peuvent être discutées.

Stade III/T3 ou N1

IIIA/T3A

  • Une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale, une omentectomie infragastrique, une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique et une cytologie péritonéale sont recommandées.
  • En cas d’atteinte isolée de la séreuse, une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) postopératoire associée à une curiethérapie postopératoire à haut débit de dose sont recommandées.
  • En cas d’atteinte cervicale, une curiethérapie postopératoire à haut débit de dose est recommandée.
  • En cas d’atteinte annexielle, une chimiothérapie intraveineuse adjuvante séquentielle est recommandée.

IIIB/T3B

  • Le traitement par radiothérapie exclusive est privilégié.
  • Une stadification ganglionnaire lomboaortique préthérapeutique peut être discutée.
  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) suivie d’une curiethérapie utéro-vaginale (15 Gy) est recommandée.
  • Une chimiothérapie intraveineuse concomitante peut être discutée par analogie au cancer du col de l’utérus.
  • Une chirurgie de la tumeur primaire peut être discutée en cas de réponse incomplète.

IIIC1/N1

  • Si le stade IIIC (N1 TNM) est défini sur la base d’une lymphadénectomie pelvienne, une lymphadénectomie lomboaortique immédiate ou différée est recommandée.
  • Si découverte histopathologique après stadification complète (pelvienne et lomboaortique), une radiothérapie externe conformationnelle (45 Gy), postopératoire (pelvienne au stade IIIC1 (N1 TNM), pelvienne et lomboaortique au stade IIIC2 (N1 TNM)), suivie d’une curiethérapie à haut débit de dose, sont recommandées.
  • Une chimiothérapie intraveineuse adjuvante séquentielle doit être discutée.

IIIC2/N1

  • Une radiothérapie externe pelvienne et lomboaortique conformationnelle (45 Gy) suivie d’une surimpression ganglionnaire et d’une curiethérapie utéro-vaginale sont recommandées.
  • Si les conditions sont favorables pour une chirurgie, un traitement chirurgical premier, comportant une hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale et une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique à visée thérapeutique, est recommandé. Une radiothérapie externe pelvienne et lomboaortique conformationnelle (45 Gy) et une curiethérapie vaginale postopératoires sont recommandées.
  • Une chimiothérapie intraveineuse séquentielle doit être discutée.

Stade IV/T4 et/ou M1

IVA/T4

  • Une radiothérapie externe pelvienne conformationnelle (45 Gy) suivie d’une curiethérapie sont recommandées.
  • Une chimiothérapie intraveineuse concomitante peut être discutée par analogie au cancer du col de l’utérus.
  • Une exentération pelvienne à visée curative peut être discutée en cas d’échec de l’irradiation.

IVB/M1

  • Une chirurgie de cytoréduction complète à visée curative identique à celle réalisée dans le cancer de l’ovaire est recommandée uniquement en cas de carcinose péritonéale résécable sans métastase à distance.
  • Une chimiothérapie intraveineuse est recommandée.
  • Une hormonothérapie est recommandée en cas de récepteurs hormonaux positifs ou de maladie lentement évolutive.
  • Une radiothérapie externe conformationnelle sur la tumeur primitive est recommandée selon la localisation des lésions.
  • En cas de stade IVB (M1 TNM) défini par une atteinte inguinale isolée, une adénectomie complémentaire du traitement adaptée à l’extension locorégionale est recommandée.

Chirurgie

  • hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale
  • lymphadénectomie omentectomie:  dépend du stade clinique, du type histologique et du grade
  • Si lymphadénectomie pelvienne: curage pelvien iliaque externe et interne complet
  • Si lymphadénectomie lomboaortique: curage étendu jusqu’à la veine rénale gauche +  dissection des ganglions iliaques communs
  • stades I : voie cœlioscopique ou cœliovaginale
  • voie vaginale exclusive est réservée aux patientes à très haut risque chirurgical
  • Laparotomie gros volume tumoral ou de conditions anatomiques particulières
  • éviter le morcellement de la pièce opératoire

Radiothérapie

  • limite au pelvis, en l’absence d’atteinte ganglionnaire iliaque commune ou lomboaortique
  • atteinte ganglionnaire lomboaortique, le volume d’irradiation inclut la région lomboaortique
  • dose totale est de 45 à 50 Gy, avec 5 fractions hebdomadaires de 1,8 à 2 Gy
  • Si irradiation exclusive, non précédée de chirurgie, une surimpression de ganglions suspects d’envahissement à l’imagerie peut être proposée jusqu’à une dose totale d’au minimum 60 Gy
  • curiethérapie vaginale postopératoire est effectuée préférentiellement à haut débit de dose: 21 à 24 Gy est délivrée en 3 séances de 7 Gy ou en 4 séances de 5 à 6 Gy, calculés à 5 mm d’épaisseur
  • Si curiethérapie pulsée ou à bas débit de dose, une dose de 50 Gy est délivrée, calculé à 5 mm d’épaisseur
  • curiethérapie à haut débit de dose est effectuée en complément de la radiothérapie externe, une dose de 10 Gy est délivrée en 2 séances de 5 Gy, calculée à 5 mm d’épaisseur
  • Si curiethérapie pulsée ou à bas débit de dose, une dose de 15 Gy est délivrée, calculée à 5 mm d’épaisseur
  • Si non opérable irradiation externe suivie d’une curiethérapie utéro-vaginale de complément

Chimiothérapie

  • cisplatine (50 mg/m²)/doxorubicine (60 mg/m²) (toxicité hématologique +++)
  • carboplatine (AUC = 5)/paclitaxel (175 mg/m²) J1 toutes les 3 semaines pour 4 à 6 cycles
  • carcinosarcomes:
    • ifosfamide (5000 mg/m²) J1/doxorubicine (50 à 70 mg/m²) J1 toutes les 3 semaines
    • ou cisplatine (20 mg/m² J1- J4)/ifosfamide (1500 mg/m² J1-J4)
    • ou cisplatine (75 mg/m²)/doxorubicine (60 mg/m²) J1 toutes les 3 semaines

Hormonothérapie

  • Situation métastatique, récepteur hormonaux positifs, évolution lente
  • Acétate de médroxyprogestérone par voie orale à la dose de 500 mg/j. En cas de contre-indication, des anti-oestrogènes peuvent être utilisés.

 


Surveillance

  • l’examen clinique, examen gynécologique, totalité du vagin, les touchers pelviens et la palpation des aires ganglionnaires.
  • Pas d’indication pour des examens d’imagerie, de biologie ou des frottis vaginaux systématiques.
  • Temps d’échange avec la patiente pour l’accompagner en fonction de ses besoins dans l’après-cancer.

Périodicité

  • Stades I et II: tous les 4 à 6 mois, durant les 3 premières années, puis annuellement
  • Stades III et IV: tous les 4 à 6 mois, durant les 5 premières années puis annuellement

Signes évocateurs de récidives

  • Métrorragies

Prévention et dépistage 2nd cancer

  • 50-74 ans: dépistage organisé cancer du colon et du sein
  • identifier Lynch/HNPCC si non fait
    • < 50 ans
    • > 50 ans et atteinte apparenté 1er degré spectre HNPCC:  endomètre, intestin grêle, urothélium, voies biliaires, estomac, ovaire

Traitement substitutif de la ménopause

  • < 50 ans pas de contre indication pour un traitement uniquement oestrogestatif
  • > 50 ans: recommandations identique que la population générale

Sources: INCA http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Recommandations-et-outils-d-aide-a-la-pratique/Cancers-gynecologiques